La reconnaissance de Joseph

Lorsque l’étau se resserre autour de nous, lorsque le monde nous rejette, quand les problèmes font surface même au sein de notre communauté (où les conflits et les injustices ne sont pas rares),

nous avons souvent tendance à nous identifier à Joseph

Il est bon de lire qu’il a existé quelqu’un ayant subi de semblables préjudices, quelqu’un qui fut poussé dans la citerne par ses propres frères comme nous le sommes parfois nous-mêmes. Notre identification à Joseph est cependant souvent illicite et dangereuse.

Dans l’enseignement de la parashat de la semaine dernière, il était question du fait que Joseph préfigurait le Messie. En outre, parmi les préfigurations du Messie, Joseph était le plus pur et le plus proche de la Sainteté du Messie. Joseph était l’un des personnages le plus dépourvu de tout instinct humain. Il vaut mieux être très vigilant lorsque nous nous comparons à un tel personnage, car nous pouvons facilement nous induire en erreur. Joseph n’a aucun péché à son actif, du moins selon le récit biblique. De notre côté, nous pouvons rarement en dire autant.

Les mauvaises nouvelles apportées à son père furent elles aussi voulues par Yahuwah et il n’est nullement question d’une faute ou d’un quelconque abus de pouvoir de sa part. Seul la « bonté » humaine et l’humanisme en soi sont à l’origine des doutes et des accusations contre Joseph tout comme dans nombres d’autres cas de personnages de la bible, voir du peuple juif lui-même. Dans un monde à tel point humano- et égocentrique que celui dans lequel nous vivons actuellement, c’est l’esprit cherchant sans cesses les circonstances atténuantes afin de légaliser le péché et piétiner la Loi de Yahuwah qui tente de faire transparaître Joseph en tant que vulgaire mouchard commettant sans cesse le péché de la mauvaise langue (Lashon HaRa).

Lorsqu’il nous arrive un ennui, nous avons coutume de nous identifier le plus souvent à Joseph de manière instantanée comme pour renforcer en nous notre innocence supposée. C’est néanmoins le plus souvent à Jonas que nous devrions nous comparer.

Car en effet, si dangers ou injures nous atteignent c’est bien le plus souvent en raison de notre insoumission envers Yahuwah. Lorsque les ténèbres nous entourent, pensons toujours s’il s’agit réellement de la citerne de Joseph ou plutôt tout simplement du ventre du poisson à l’instar de Jonas fuyant sa destinée.

Car dans le cas de Jonah, ce fut en raison de sa désobéissance que les marins le jetèrent par dessus-bord. Il est bon de bien clarifier la situation faute de quoi nous risquerions de piétiner en esprit sans pouvoir avancer, car n’ayant pas l’humilité de voir nos fautes afin de nous en libérer par l’imploration de la Grâce de Yahuwah. Nous aimerions toujours êtres comparés à Joseph, car nous ressentons sa pureté et y aspirons nous-mêmes. Nous avons surtout du mal à avouer nos fautes et il est plus facile de s’identifier aux vainqueurs. Mais dans la plupart des cas, nous devrions nous contenter du titre plus modeste de Jonas afin de pouvoir aller de l’avant et ressembler un peu plus au Joseph tant convoité. Jonas a du subir les conséquences de sa faute. Il était vraiment un homme de Yahuwah, un grand prophète, l’un des personnages phares de la Bible, il avait malgré tout certaines choses à remettre en ordre dans sa relation avec l’Éternel.

Tout ceci n’exclut naturellement pas que nous soyons nous aussi de temps en temps sujets à des persécutions lâches et injustes. Les problèmes n’arrivent pas que si nous sommes insoumis. Nous avons d’ailleurs la lourde promesse de subir des persécutions en raison de notre foi dans le Messie. Nous sommes souvent faussement accusés par notre prochain et nous devons subir cela en silence. Il faut aussi éviter de tomber dans l’autre extrême et nous juger sans cesse, essayant de toujours trouver quelque chose de mauvais en nous, même ce qui ne s’y trouve pas, juste pour contenter Yahuwah ou notre propre esprit de religiosité. Il est sage d’avoir en nous cette humilité de d’abord nous prosterner devant Yahuwah en tant que Jonas pour qu’à l’occasion ce soit lui-même qui nous rassure en nous disant que c’est en raison de notre pureté et en Son nom que nous sommes rejetés par notre entourage. Qu’Il soit toujours le Seul à avoir le droit de nommer la nature de notre mal.

L’humilité ne s’arrête pas ici d’ailleurs. Car nous avons nos propres Joseph. Nous ne pouvons jamais savoir qui ils sont et quand ni de quelle manière nous les poussons au fond du trou. Peut- être nous désignons-nous en tant que Joseph alors qu’on est qu’un parmi les frères de Celui que l’on croît être.

VERSION VIDÉO

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